La communication publique a besoin de silence

Geler les dépenses de communication du gouvernement et des opérateurs de l'Etat jusqu'à la fin de l'année, et sanctuariser une réduction de 20% des dépenses sur ce poste à terme, voilà deux initiatives qui doivent être applaudies.

Alors oui, certaines agences, certains cabinets de conseil et autres communicants indépendants poussent un cri d'alarme, se réfugiant derrière les arguments de la transparence et de l'enjeu démocratique pour demander à Matignon de revenir sur sa position.

On comprend surtout qu'ils sont en train de perdre des missions potentielles et que cela les inquiète. C'est naturel mais peut-être faut-il revoir ses priorités et se tourner vers d'autres acteurs du privé ou du public, notamment dans les territoires?

Je travaille dans le champ de la communication. Je pourrais aussi être de cet avis.

Et pourtant, non. Car je crois que nous souffrons d'une overdose de communication, particulièrement de la part de l'Etat.

Depuis 2017, combien de grandes opérations ont-elles été annoncées à grand renfort de campagnes de communication sans que la population en perçoive concrètement les résultats? Le grand débat, les Grenelle, les Beauvau, les conventions citoyennes, les grandes consultations etc...

Il faut commencer un sevrage et ces mesures sont un début de traitement.

Réapprenons à moins communiquer pour mieux communiquer.

Réapprenons à gérer les silences et à en faire un élément d'une stratégie de communication.

Réapprenons l'art du temps long.

Parce qu'évidemment, il ne s'agit pas de ne plus communiquer du tout.

Il serait absurde de penser que la communication, en tant que telle, est néfaste. Au contraire, la communication sous-tend l'action. Mais aujourd'hui, elle a pris l'ascendant sur l'action. C'est cela le drame de notre époque.

A l'heure d'une triple crise, institutionnelle, budgétaire et économique, il est donc de bon ton de dire moins et de faire mieux.

La communication a été une drogue dure pour l'Etat.

La cure de désintoxication commence par retrouver le goût du silence.