Notre époque annonce-t-elle la fin de l’écriture?

Ces chiffres sont des bombes à retardement !

Entre 2010 et 2024, le nombre de stylos-plumes vendus a été divisé par deux.

78% des Français déclarent aujourd’hui écrire moins à la main qu’il y a dix ans.

Un Français envoyait 45 lettres par an en moyenne en 2008. Le chiffre est tombé à 5 en 2020.

Pas sûr qu’il soit remonté depuis…

L’envoi de lettres ne constitue d’ailleurs plus que 4% de l’activité postale.

La fin d’une époque ?

La fin de l’écriture ?

Le magazine FUTUR d’Usbek & Rica posait très sérieusement la question en janvier dernier.

Quoi qu’il en soit, nous assistons bien à une pratique qui semble plus que jamais « vintage ».

Terminé le doux son de la plume qui gratte le papier ;

Evaporées les tâches d'encre sur les mains ;

Evanouie l'odeur du papier.

Aujourd’hui, plus rien ne remplace le langage SMS, les messages vocaux sur WhatsApp, les vidéos TikTok etc.

Nous sommes entrés dans le règne de l’oralité.

Ecrire, quelle flemme !

L’écriture est perçue comme un exercice fastidieux, complexe, qui demande du temps.

Nous voulons aller au plus vite.

Ne plus écrire serait gage d’efficacité.

Nous pouvons même déléguer cela à l’IA.

Alors pourquoi la disparition programmée de cette compétence est en réalité bien plus grave qu’on ne le pense ?

Parce qu’écrire, c’est mieux penser.

Entre un mot qui sort de la bouche de quelqu’un et un mot qui a été couché sur le papier par cette même personne, le processus de maturation n’a pas été le même.

Rappelez-vous le poème de Victor Hugo, « Le Mot ».

Celui qui a été gravé dans la feuille aura été davantage choisi que celui qui s’échappe de la voix.

Ecrire, cela donne en effet le droit de se relire.

Cela permet de préciser sa pensée.

De peser ses mots.

Et c’est avoir la possibilité de s’affranchir de certaines idées.

Ceux qui auront cette compétence, qui auront passé du temps à s’entraîner, qui auront musclé leurs différentes formes d’expression écrite, seront les grands gagnants du monde de demain, celui dans lequel l’IA aura prospéré en décourageant un grand nombre d’entre nous à l’exercice de l’écriture.

Car ne nous faisons aucune illusion.

L’IA fera très bien le job certes, mais de la même façon pour tout le monde.

Même si vous savez très bien « prompter », l’IA ne s’immisce pas dans votre intuition, dans vos émotions, dans votre perception du monde.

C’est là où l’écriture intervient.

Si vous la maîtrisez, vous restez maître de vous-même.

Il faut voir l’écriture comme un jeu et un sport.

Il faut résister à cette époque de l’oralité, non par nostalgie mais parce qu’il en dépend notre façon de peser encore sur la scène du monde.

Voilà pourquoi tout cela est une excellente nouvelle pour les métiers littéraires.

Voilà pourquoi ceux qui savent écrire par eux-mêmes peuvent être de formidables alliés pour ceux qui ont des messages à faire passer.

Suivant
Suivant

Ce qui tue la politique…