Les mots de l’Histoire / Lettre A
Derrière l'Histoire avec un grand H se nichent des Mots avec un grand M.
Voici une nouvelle série qui explorera chaque semaine ce qu'on appelle les "mots historiques": des mots, des phrases, des formules que l'Histoire a jugé bon de conserver.
Ces "bons mots" habitent désormais notre imaginaire collectif.
Certains sont devenus des devises et des proverbes.
Certains ont été attribués involontairement à leurs auteurs.
D'autres ont été volontairement attribués à une personnalité qui ne l'a pourtant jamais prononcé.
Derrière ces quelques mots, sa cache donc l'Histoire, de l'Antiquité à nos jours, bien qu'il soit difficile de savoir aujourd'hui quels mots prononcés par nos responsables politiques actuels seront ceux qui auront une chance d'être conservés au Panthéon de notre Histoire.
Mais pour ceux qui souhaitent les utiliser parce qu'ils estiment que cela pourrait donner du muscle à leurs discours, il n'est pas inintéressant de se plonger dans la fabrique de ces mots de l'Histoire.
Histoire de ne pas les utiliser n'importe comment…
Et donc, nous commençons avec la lettre A.
“A cœur vaillant, rien d’impossible”
La célèbre devise de Jacques Cœur, grand argentier de Charles VII, est devenue un proverbe bien connu. C’est lui qui permit à la France de retrouver une prodigieuse fortune commerciale après le chaos de la Guerre de Cent Ans.
Aujourd’hui, nous l’utilisons pour décrire un courage hors normes qui permet à tout Homme de surmonter de grandes difficultés.
“Alea jacta est !”
(Le dé est jeté ; le sort en est jeté)
Ce mot bien connu est attribué par Suétone et Plutarque à Jules César alors sur le point de franchir le Rubicon en 49 av. J.-C., un passage décisif considéré comme le coup d’envoi de la “guerre civile”. C’est devant ce minuscule fleuve qu’il aurait déclaré : “Allons là où nous appellent le signe des dieux et l’iniquité des ennemis. Que le sort en soit jeté.”
“Après moi, le déluge”
(“Après moi, le chaos”)
Voilà une formule attribuée volontairement à Louis XV pour dénoncer sa frivolité et son indifférence politique. En réalité, elle serait de Mme de Pompadour et destinée au Roi pour le consoler après la nouvelle défaite de Rossbach en 1757. Elle lui aurait ainsi glissé à l’oreille : “Il ne faut point s’affliger, vous tomberiez malade; après nous le déluge.”
Nous avons pensé avec insistance que le Général de Gaulle avait voulu reprendre la formule en lançant un “Après moi, le chaos”. Mais Charles de Gaulle a tenu publiquement à récuser l’emploi de cette expression lors de l’élection présidentielle de 1965. Ce sont ses adversaires qui lui avaient fait dire cette phrase.
“Aux grands mots, les grands remèdes”
La célèbre formule est devenue un proverbe expliqué dans le Petit Larousse de la manière suivante : “Il faut prendre des décisions énergiques contre les maux graves et dangereux.”
L’originale aurait été prononcée par Caton d’Utique (95-46 av. J.-C.) si l’on en croit encore Plutarque : “Caton conseilla au Sénat de confier à Pompée seul la conduite des affaires. “C’est, dit-il, à ceux qui ont fait les grands maux, de trouver les grands remèdes.””