Les Mots de l’Histoire / Lettres B & C

La série continue avec ce deuxième épisode qui concerne les lettres B et C.

“Bouter les Anglais hors de France”

La fameuse formule est de Jeanne d’Arc qui assume ses ambitions directement auprès de l’Angleterre. Le 22 mars 1429, elle envoie au roi d’Angleterre une missive qui contient ce message : “Faites raison au Roi du Ciel ; rendez à la Pucelle qui est ici envoyée par Dieu, le Roi du Ciel, les clefs de toutes les bonnes villes que vous avez prises et violées en France. (...) Je suis ici envoyée de par Dieu le Roi du Ciel, corps pour corps, pour vous bouter hors de toute la France.” L’ultimatum ne pouvait pas être plus clair.

“Car tel est notre bon plaisir”

Cette formule a entretenu pendant très longtemps le mythe de l’absolutisme, une monarchie qui se résumerait au règne du “bon plaisir”, c’est-à-dire de l’excès et du caprice. Elle a été inventée, on ne sait trop pour quelle raison par la chancellerie du Premier empire. Sous l’Ancien Régime, la formule était : “Car tel est notre plaisir.” Mais le terme “plaisir” doit être entendu avec sa signification latine, c’est-à-dire comme une décision réfléchie du souverain.

“Ce sont les risques du métier”

Le mot provient du roi d’Italie Humbert Ier (1844-1900), dit le Bon, après l’un des attentats dont il avait été victime. Il fut tué plus tard par l’anarchiste Bresci.

“C’est avec des hochets que l’on mène les hommes”

Il s’agit d’une phrase prononcée par Bonaparte le 8 mai 1802, au conseil d’Etat, alors qu’était débattu son projet de légion d’honneur, un nouvel ordre qui devait récompenser à la fois les militaires et les civils. On fit savoir au premier consul qu’il risquait de reconstituer une aristocratie en distribuant des hochets, ce à quoi il répliqua : “Je défie qu’on me montre une république ancienne ou moderne dans laquelle il n’y a pas de distinctions. On appelle cela des hochets ? Eh bien, c’est avec des hochets que l’on mène les hommes!... Les Français ne sont pas changés par dix ans de révolution. Ils sont ce qu’étaient les Gaulois, fiers et légers. Ils n’ont qu’un sentiment: l’honneur. Il faut donner un aliment à ce sentiment: il leur faut des distinctions.

“C’est légal, parce que je le veux”

C’est une phrase plus balbutiée que prononcée par Louis XVI mais elle est véridique et conforme au droit public de l’Ancien Régime. Louis XVI répondait alors à son cousin le duc d’Orléans, futur Philippe Egalité, au Parlement le 19 novembre 1787. Le roi ordonnait ainsi que l’un de ses édits soit enregistré, ce à quoi le duc d’Orléans répondit : “Je regarde cet enregistrement comme illégal.” Louis XVI, furieux, répliqua: “Si, c’est légal parce que je le veux.” Une affirmation qui peut paraître péremptoire mais qui était dans l’esprit de la monarchie de l’époque. Louis XV, lui-même, avait déclaré quelques années avant: “C’est en ma personne seule que réside la puissance souveraine.

“C’est par le fer et par le sang que les grandes questions sont résolues”

Nous devons cette formule à Bismarck qui la prononce en 1862 devant les députés de la chambre prussienne: “Ce n’est pas par des discours ni par des motions majoritaires, comme on l’a vu à tort en 1848-1849, mais par le fer et par le sang, que les grandes questions de notre temps seront résolues.

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