Les Mots de l’Histoire avec la lettre L

“La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu la guerre”

Célèbre apostrophe lancée par le général de Gaulle à Londres durant l’été 1940 qui se retrouve sur une affiche appelant les Français de l’intérieur à rentrer dans la Résistance, et ceux de l’extérieur à poursuivre la lutte contre l’ennemi : “A tous les Français. La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu la guerre ! Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant, rien n’est perdu, parce que cette guerre est une guerre mondiale. Dans l’univers libre, des forces immenses n’ont pas encore donné. Un jour, ces forces écraseront l’ennemi. Il faut que la France, ce jour-là, soit présente à la victoire. Alors elle retrouvera sa liberté et sa grandeur.

“La France est une personne”

Nous devons la formule à l’historien Jules Michelet dans son “Tableau de la France” qui inaugure son livre majeur, Histoire de France. Voici le texte complet : “L’Angleterre est un empire, l’Allemagne un pays, une race ; la France est une personne”. Par ces mots, l’historien souhaite dire que la France est une conscience, “celle d’un être collectif qui compte infiniment plus de morts que de vivants” comme l’a écrit Pierre Chaunu.

“La France, hier soldat de Dieu, aujourd’hui soldat de l’humanité, sera toujours le soldat de l’idéal”

Nous devons cette grande envolée lyrique à Clemenceau venu lire aux députés les clauses de l’armistice du 11 novembre 1918. Il prononce à la suite un court discours sous les vivats des auditeurs dans lequel il dit ceci: “En cette heure terrible, grande et magnifique, mon devoir est accompli... Au nom du peuple français, au nom de la République française, j’envoie le salut de la France une et indivisible à l’Alsace et à la Lorraine retrouvées ! Et puis, honneur à nos grands morts qui nous ont fait cette victoire... Quant aux vivants, que nous accueillerons, quand ils passeront sur nos boulevards, vers l’Arc de Triomphe, qu’ils soient salués d’avance ! Nous les attendons pour la grande œuvre de reconstruction sociale. Grâce à eux, la France, hier soldat de Dieu, aujourd’hui soldat de l’humanité, sera toujours le soldat de l’idéal.

“La France n’a jamais demandé que deux choses à un gouvernement : l’ordre et la liberté”

La phrase a été prononcée par Gambetta au Havre le 18 avril 1872. Le républicain expliquait que l’Ancien régime imposait l’ordre en refusant la liberté, que les révolutionnaires parlaient de liberté tout en rêvant de tempêtes sociales et que seule la République assurait l’ordre en respectant la liberté.

“La garde meurt et ne se rend pas”

Cette réplique est attribuée au général Cambronne dont on dit qu’il l’aurait prononcée face à un général anglais qui lui proposait une reddition lors de la bataille de Waterloo le 18 juin 1815. Elle parut en réalité le 24 juin dans le Journal général de la France sous la plume de Balisson de Rougemont. Cambronne, lui-même, ne l’a jamais authentifié et assura s’être servi d’un mot plus commun, “merde !”.

“L’aigle volera de clocher en clocher”

Les proclamations aux armées de Napoléon permettent d’analyser son expression empreinte d’épopée. Celle-ci n’échappe pas à la règle. Il écrit ces mots alors qu’il s’apprête à quitter l’île d’Elbe en février 1815 pour se lancer dans son aventure des Cent-Jours : “La victoire marchera au pas de charge ; l’aigle avec les couleurs nationales volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame!”.

“La religion est l’opium du peuple”

C’est sans doute le slogan le plus connu de Karl Marx qui écrivit dans sa Critique de la philosophie du droit de Hegel: “La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple.” Nous pourrions dire très bien aujourd’hui que les réseaux sociaux sont devenus l’opium du peuple.

“L’argent est le nerf de la guerre”

Voilà un vieux proverbe que l’on rencontre déjà chez Thucydide, Platon, Cicéron et Plutarque. Un peu plus tard, nous avons le maréchal Trivulce qui dit à Louis XII : “Pour faire de la guerre, il faut de l’argent, encore de l’argent, toujours de l’argent.” Rabelais, dans Gargantua, écrit ceci : “Les nerfs des batailles sont les pécunes.” Il n’y a que Machiavel pour avoir un avis différent. “Ce n’est pas l’or, ce sont les bons soldats qui sont le nerf de la guerre.

“L’Etat, c’est moi !”

Cela fait trois cents ans que cette phrase est attribuée à tort à Louis XIV. Plusieurs historiens, comme Ernest Lavisse, ont réfuté cette thèse. Voilà ce qu’a dit en réalité le Roi-Soleil ce 13 avril 1655 au cours du lit de justice. “Messieurs, chacun sait les malheurs qu’ont produits les assemblées du Parlement. Je veux les prévenir et que l’on cesse celle qui sont commencées sur les édits que j’ai apportés, lesquels je veux être exécutés.” En revanche, nous n’avons jamais trouvé l’auteur véritable de cette phrase. “La République, c’est moi!”, elle, a bien été prononcée et est à mettre au crédit de Jean-Luc Mélenchon. Doit-on penser qu’il caressait l’idée d’un destin façon Roi-Soleil?

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